Chers badistes,
Suite à la fiche technique numéro 1, vous avez été très nombreux (si tant est qu’une personne puisse être considérée comme nombreuse) à me réclamer la suite. Voici donc un article consacré à une technique au moins aussi efficace que le bois:
la bande du filet.
Caracteristique du coup de la bande du filet :Jouer avec la bande du filet consiste à renvoyer le volant dans le camp adverse en le faisant toucher le filet. L'intérêt d'un tel coup est, vous l'aurez deviné de mettre l'adversaire en difficulté maximum, en faisant ainsi emprunter au volant une trajectoire brisée.
L’effet de surprise généré par un tel coup est comparable à celui du bois (cf. fiche technique numéro 1). Cependant, ce coup peut s’avérer plus redoutable encore, car c'est seulement au moment de l’impact avec le filet, et non pas au moment de la frappe avec la raquette, que le changement de trajectoire du volant intervient.
Il existe globalement 2 facteurs permettant de caractériser ce type de coup : le degré de collision avec la bande du filet et la vitesse du volant. L’influence de ces 2 paramètres peut se représenter par la matrice (2,2) (qu’on appelle plus communément « con de tableau ») ci-dessous . Ceci permet d’identifier 4 familles de coup du filet.
La chute libre : le volant se pose délicatement sur le filet, s’y arrête pendant une fraction de seconde pouvant faussement être ressentie comme durant une éternité, puis franchie le filet à la verticale, en se collant au filet. Un tel coup est tout bonnement imparable.
Le Fosbury : le volant touche de plein fouet la bande du filet et exécute ensuite un saut en rouleau dorsal (empruntant ainsi la technique du célèbre Rick Fosbury, inventeur du saut portant son nom), afin de la franchir, pour retomber quelques centimètres après le filet.
La déviation vicieuse : le volant part en trajectoire tendu jusqu’au filet, le rencontre et dévie de quelques degrés vers le haut sur le plan vertical, pour poursuivre sa trajectoire tendue.
Le passage en force : le volant frappe à pleine vitesse la bande du filet avec une telle force qu’il la déforme suffisamment pour franchir le filet en se retrouvant catapulté un peu plus loin.
Préparation du coup :Contrairement à la croyance populaire, il n’est pas indispensable d’avoir des relations sexuelles suivies avec le filet afin d’exécuter des bandes efficaces. En effet, l’expérience montre que de simples attentions suffisent. Ainsi, ranger proprement le filet après usage, ou caresser délicatement la bande avant une séance en s’assurant que sa tension n’est pas trop élevée peut s’avérer largement suffisant et souvent beaucoup moins dégradant (y compris pour le matériel).
Exécution du coup :Audaces fortuna juvat, la fortune sourit aux audacieux. Pour réussir une bande de filet, il faut avant tout viser ladite bande soit en smatch pour une déviation vicieuse ou un passage en force, soit en amorti pour une chute libre ou un fosbury. Pour un effet optimal, il est préférable de jouer ce coup après un long échange, ou bien pour un volant de set, voire de match, afin de faire voler en éclat la bonne humeur de l’adversaire.
Attitude après le coup :Le joueur ayant su tirer partie de la bande du filet se trouve dans une situation particulière. Réussir ce genre de coup nécessite une précision quasi chirurgicale. Le résultat peut cependant, aux yeux du néophyte, s’apparenter à ce que l’on appelle communément un « cul bordé de nouilles ». Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre alors le célèbre et pourtant très injuste juron « PUTAIN DE CHATARD ! », immortalisé par l’actuel président d’un club de badminton de Roanne dont je tairai le nom par respect pour ses qualités de déménageur ma foi bien utiles lorsqu’il s’agit de déplacer un téléviseur cathodique de modèle Sony de 75 cm de diagonale.
Ainsi, l’usage voudrait que le joueur s’excuse pour ses compétences hors du commun. Il est donc tristement recommandé de feindre le regret de voir un point si intéressant achevé de cette façon.
Erreur à éviter :Pour d’obscures raisons, il semblerait qu’abuser de cette technique tend à susciter chez l’adversaire un besoin irrépressible d’écraser sa raquette sur le visage de l’injustement nommé « chatard ». Il est donc préférable d’user de la bande du filet avec parcimonie.
Pour conclure, je me contenterai de citer une autre phrase de notre bon vieux Sun Tzu qui n'aurait sans doute pas fait un mauvais joueur de badminton (du moins en théorie) :
- Citation :
- "Connais toi toi-même, connais ton ennemi, ta victoire ne sera jamais mise en danger. Connais le terrain, connais ton temps, ta victoire sera alors totale."
Ne manquez pas le numéro 3 : la technique du lacet défait.